Frédéric II de Hohenstaufen, du « Puer Apuliae » à « Stupor Mundi »

De « L’enfant d’Apulie » à « Prodigieux Transformateur des choses« . De « Despote éclairé » à « L’Antéchrist« . Empereur universel deux fois excommunié… Lors de la rédaction de « L’héritage », j’ai découvert cet empereur, le grand Frédéric II de Hohenstaufen. Il fut une personnalité hors du commun même si en France sa réputation semble un peu éclipsée par celle de son contemporain Louis IX (Saint Louis). Personnage sulfureux, jugé hérétique alors qu’il n’était qu’un fervent adversaire des papes et non pas anticlérical, il finit admiré et reçut les éloges « Stupor Mundi« . Il a très certainement bien perturbé les consciences de son temps et moi, il m’a fascinée ! Je lui ai trouvé une véritable dimension héroïque digne de son époque; digne d’un homme de coeur, d’un homme de pouvoir, de foi et de loi; un être si singulier qu’il me faisait trembler et m’ébahir autant que je pouvais le détester pour certains de ses actes. Grand manipulateur des hommes et de l’Histoire, je l’imagine visionnaire et lumineux, autant que violent et passionnant. Il me semble que seule, Bianca Lancia, sa 4ème épouse aura su dompter sa fougue par leur amour. Dans ma première version de « L’héritage », j’avais écrit des lignes et des lignes sur lui tellement il m’avait captivée mais mes beta-lecteurs ont calmé mon enthousiasme car j’en disais franchement trop et je m’éloignais de mon véritable sujet !

Aussi, voici enfin une bien courte et humble présentation de ce héros médiéval.

Temps de lecture : 5 minutes.

Dominique BARTE

L’héritage – Dans la série « La révélation de Sidoine »

Petit-fils de Frédéric Barberousse, Frédéric Rugero naquit dans une bourgade proche de la côte adriatique le 26 décembre 1194. Il est le fils de Constance de Hauteville (Maison Normande de Sicile) et de Henri VI le Cruel (Maison Souabe et Empereur du Saint Empire).

A l’âge de 4 ans, il fut proclamé Roi de Sicile après le décès de sa mère.

Ses premières années siciliennes furent orientées vers une éducation chevaleresque mais également une formation culturelle variée. Les chroniqueurs le surnommaient déjà le « Petit Lion » tant pour son énergie que pour sa crinière fauve (comme celle de son grand-père paternel). Plus tard, son union avec Constance d’Aragon lui donna des manières raffinées et un goût pour l’art courtois.

Après une enfance palermitaine, et malgré l’intérêt qu’il portera toujours à la Sicile maternelle, il s’installera dans la région de Foggia, Pouilles.

En 1216, il choisit de remettre la couronne sicilienne sur la tête de son jeune fils Henri pour rassurer le pape hostile à l’union de la Sicile et de l’Empire. En effet, à cette époque (1215), il succède au très controversé Otton IV en tant que Duc de Souabe, Roi des Romains, Empereur du Saint Empire et Roi de Bourgogne-Provence.

Il convolera en juste noces avec 4 femmes. Ces unions « réfléchies » lui offriront les occasions d’aggrandir ses états, jusqu’à s’implanter en Orient. Ainsi, il deviendra même Roi consort de Jérusalem avec sa seconde épouse Isabelle II (également connue sous le nom de Yolande de Brienne).

Il se rendit en Terre Sainte pour la 6ème croisade mais dut faire face à une hostilité pesante de la part des Anglais, Français, Templiers et Hospitaliers, encouragés en cela par le pape.

Agé de 56 ans, il mourut le 13 décembre 1250, d’une crise de dysenterie. Il repose dans la cathédrale de Palerme aux côtés de sa première épouse Constance d’Aragon.


1/ Un homme multi-facettes au caractère bien trempé

  • Avant-gardiste
  • Clairvoyant et visionnaire
  • Provocateur : il envisage les mouvements de l’Histoire avant les autres
  • Idéaliste (il tenta de réconcilier croisés et djihadistes par la négociation durant la croisade; il veut rétablir les pouvoirs spirituels et temporels au clergé et aux gouvernants..)
  • Charismatique
  • et pourtant Brutal : plusieurs viols ou abus lui sont reprochés (il est d’ailleurs le géniteur d’une multitude d’enfants illégitimes)

2/ Un homme cultivé

  • Polyglotte : Il parlait couramment le sicilien, le latin, l’allemand et le provençal. Il avait des notions de grec et d’arabe.
  • Ouvert d’esprit : il fréquentait de nombreux savants, médecins, scientifiques, mathematiciens et autres chercheurs comme par exemple : Leonardo Fibonacci, Salimbene, Ibn Sabin, Michael Scot, Theodore d’Antioche …
  • Chercheur : il autorise la dissection de cadavres humains interdite par l’Eglise; expérience sur des enfants (discutable !)
  • Féru de poésie : il rédigeait ses poèmes en langue sicilienne

3/ Un homme passionné

  • Passionné de chasse et surtout de fauconnerie : il écrira un manuel pour son fils décrivant parfaitement les oiseaux
  • Passionné par les chevaux dès son plus jeune âge : il développera des haras royaux, des élevages équins destinés à la reproduction où il étudie leur alimentation , les soins à leur apporter et jusqu’au personnel à utiliser pour ces soins
  • Passionné d’astronomie et d’ésotérisme
  • Intéressé par la culture arabe : la langue, les sciences mais aussi le mode de vie : il s’entoure de gardes arabes et s’habille à l’orientale.
  • Soucieux d’hygiène corporelle inspirée des bains arabes
  • il a aussi selon cette culture son harem au grand desespoir de ses épouses et notamment d’Isabelle
  • Passionné d’architecture : il appliquera ses passions lors de la conception de ses châteaux, notamment Castel del Monte

Castel del Monte est un étrange octogone de calcaire posé sur une colline cerné de 8 tours elle-mêmes octogonales. Le symbolisme est prégant, entre le carré (la terre) et le cercle (l’infinité du ciel). Le Soleil est également présent, la porte principale ouvrant à l’Est. L’intérieur était très richement décoré de sculptures et de matériaux polychromes.

Castel del Monte pouvait être une résidence de « bien-être » (nombreuses canalisations) ou de savoir (bibliothèques). Par manque de gibier aux alentours, l’hypothèse d’une résidence de chasse est aujourd’hui contestée malgré l’intérêt de Frédéric pour la chasse et les animaux. Egalement, la situation n’étant pas stratégique, l’idée d’une forteresse n’est plus retenue : manque de douves, meurtrières trop étroites, escaliers en sens inverse des aiguilles d’une montre inadaptés à la défense.


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