Pour cet article, peu de liens avec mes romans hormis la période (fin moyen-âge/Renaissance) qui fixe l’image de la licorne et accroît son intérêt. Tout simplement parce que j’aime les licornes que l’on célèbre le 9 avril !
Les licornes n’existent pas, c’est une sirène qui me l’a dit.
Anonyme
La licorne est une créature légendaire à corne unique. Celle que l’on appelle aussi parfois unicorne captive l’imagination depuis plus de 2 000 ans. Longtemps, les gens ont cru qu’elles étaient réelles.

La plus ancienne image connue d’un animal unicorne (en 2013) provient du Nord de la vallée de l’ Indus. Daté d’environ – 2600, son profil ne correspond à aucun animal à cornes connu dans la région tel que le buffle ou le rhinocéros.
Image : Combat d’un lion et d’un animal unicorne sur un bas-relief des ruines de Persépolis. Gravure du livre de Carstens Niebuhr : Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, Amsterdam, 1779.
La plus ancienne description d’une licorne remonte à 400 av. JC., lorsque l’historien grec Ctésias documenta pour la première fois un animal semblable à une licorne dans une région de l’Inde. Cet animal coloré était probablement une interprétation fantaisiste des rhinocéros indiens.
Puis, Jules César, dans des écrits de 50 av. JC environ, nota l’existence d’un cerf avec une seule corne, beaucoup « plus grande et plus droite » que toutes les autres, vivant dans l’ancienne et dense forêt hercynienne en Allemagne. D’autres personnalités dignes de confiance, comme Aristote ou Pline l’Ancien, rajoutèrent leur description et contribuèrent à perpétuer le mythe de la licorne à travers les siècles.
Un peu plus tard, le Physiologos, bestiaire du IIe ou IVe siècle apr. J.-C. exerça une influence considérable au Moyen Âge. Il traite de nombreuses espèces d’animaux réels aussi bien qu’imaginaires dont la licorne qui ne se laisse capturer que par une vierge : la bête est séduite par une vierge traîtresse, pendant qu’un chasseur lui transperce le flanc avec une lance.
EVOLUTION DE L’IMAGE DE LA LICORNE
La licorne occidentale se distingue de ses consœurs asiatiques (Monocéros) par son apparence, son symbolisme et son histoire. Son image se fixera à la fin du Moyen-âge/début Renaissance.
La licorne n’a pas toujours été décrite comme un animal pacifique. Les descriptions physiques de la licorne varient fortement dans ces premiers écrits mais le caractère de l’animal demeure constant: la licorne mythologique apparait comme un animal sylvestre très féroce, rapide et insaisissable, avec une corne magique capable de guérir de nombreuses affections. Elle reconnait les vierges par l’odorat ou grâce à ses dons magiques mais n’hésite pas à tuer la jeune fille qui cherche à l’approcher si celle-ci n’est pas vierge. De plus, son attribut phallique pouvait en faire un symbole viril.

Au fil du temps, son image a évolué vers un symbole de pureté féminine, de modestie et de grâce. Elle évoque aussi la sensualité et la tendresse. Renvoyant une idée de protection et de vertu morale, elle devient un symbole de chevalerie médiévale et d’héraldique. Elle développa également une connotation chrétienne (parfois employée comme allégorie pour le Christ) justifiant sa présence dans les œuvres religieuses.
La représentation physique de la licorne occidentale se généralise vers une forme à la fois caprine et chevaline : couleur blanche, corps équin, barbiche de bouc, sabots fendus, longue corne au milieu du front, droite, spiralée et pointue. Elle est décrite comme une alliance entre une haquenée et la corne du narval.
LA LICORNE ENTRE DANS LE BESTIAIRE RELIGIEUX
Le Moyen âge et la Renaissance nous livrent une imagerie foisonnante de licornes (plusieurs milliers). Ces œuvres : miniatures, contes, tapisseries et bestiaires, possèdent souvent une forte charge symbolique.
Contes médiévaux
Plusieurs contes médiévaux, chargés ou non d’une morale, citent la licorne. Le dit de l’unicorne et du serpent, rapporté par Jacques de Voragine entre 1261 et 1266, ou La Dame à la licorne et le Chevalier au lion, conte courtois de Blanche de Navarre daté du début du XIVe siècle. L’histoire évoque une princesse belle et chaste qui reçoit une licorne du Dieu d’amour, et se fait appeler « la blanche dame que la licorne garde ». Elle épouse un seigneur qui part un jour à l’aventure et capture, puis apprivoise un lion. Un jour, la Dame apprend que son chevalier est mort et un mauvais seigneur en profite pour l’enlever. Le chevalier au lion, de retour, part à l’assaut du château du ravisseur et libère sa dame. Tous deux quittent le château maudit : la dame montée sur sa licorne et le chevalier sur son lion.

BNF, ms fr 12562, fol 56v.
Tapisseries
La licorne est emblématique des tapisseries de la Renaissance, en particulier de celles des ateliers de Flandres, qui la représentent le plus souvent en compagnie d’une dame ou d’animaux. Les deux plus célèbres sont probablement « La Chasse à la Licorne » et « La Dame à la licorne. »
La chasse à la licorne
Série de sept tapisseries qui représentent un groupe de nobles poursuivant et capturant une licorne. La série fut achetée par John Davison Rockefeller, qui en fit don au musée des Cloisters du Metropolitan Museum of Art de New York, où elle se trouve de nos jours.
Probablement tissées de 1495 à 1505, elles furent découvertes dans la collection personnelle de François VI de La Rochefoucauld en 1680. Les caractéristiques qui avaient été associées à la licorne à la fin du Moyen Âge sont ici évidentes. Liée à la virginité des jeunes filles, ces tapisseries semblent issues de la culture de l’amour courtois, du respect de la femme, des loisirs délicats, de la musique et de la poésie.
Le Met les désigne actuellement comme suit :

- Les chasseurs entrent dans le bois
- La licorne purifie l’eau
- La licorne traverse un ruisseau
- La licorne se défend
- La licorne se rend à une jeune fille
- Les chasseurs rentrent au château
- La licorne repose dans un jardin. (Il y a quelques spéculations concernant cette septième tapisserie. On se demande si cette scène faisait partie de la série à l’origine.)
Dans cette série de tapisseries, on retrouve : les pouvoirs curatifs de la licorne lorsqu’elle nettoie l’eau potable pour les autres animaux ; sa férocité quand elle se défend des chasseurs ; et sa sensibilité aux pouvoirs d’une jeune fille. Bien que cette tapisserie spécifique ne survive qu’en fragments, on voit une licorne docile en présence de la jeune fille, ignorant le chasseur à la trompe qui se cache dans les bois, prêt à alerter ses compagnons de chasse. Ces tapisseries démontrent le pouvoir de vie éternelle de la licorne, puisqu’elle est tuée, mais plus tard, elle réapparaît bel et bien vivante.
La Dame à la licorne
Les six tapisseries de « La Dame à la licorne » furent tissées vers 1500 pour Antoine Le Viste. Achetées à la Ville de Boussac en 1882 pour 25 500 Francs, elles sont exposées au musée de Cluny à Paris. Ces tapisseries firent l’objet de très nombreuses spéculations au moment de leur redécouverte et de leur restauration, au XIXe siècle. Elles constituent les plus célèbres pièces de ce musée et attirent de très nombreux visiteurs.

Les circonstances de leur commande restent peu claires, mais elles pourraient avoir constitué des cadeaux de mariage. Sur chacune d’elles, la Dame, accompagnée parfois d’une demoiselle, et entourée par un lion et une licorne, humanisés en porteurs de bannières armoriées. Elles sont classées selon une étude médiévale qui établit une hiérarchie entre les sens selon leur proximité plus ou moins grande avec le monde spirituel : Toucher, Goût, Odorat, Ouïe, Vue et une sixième représentation moralisante appelée « Mon Seul Désir », qui selon certains savants pourrait représenter le cœur, l’amour ou le libre arbitre.

L’impression d’étrangeté se trouve accentuée par l’opposition irréaliste entre les tertres bleu-vert de l’action et le fond céleste rouge ; ces deux plans accueillant tout un bestiaire dans une nature exubérante propre au décor à millefleurs. Elles sont tissées (fils de chaîne et de trame) essentiellement en fil de laine mais quelques fils de soie beige, écru ou rose exaltent l’éclat des tissus et des cheveux. Les teintures végétales sont la garance pour les rouges, la gaude pour les jaunes et la guède pour les bleus. Les verts ont tendance à pâlir.
Tenture de Saint Etienne
12 tapisseries datées c.1500-1509, également exposées au musée de Cluny, Paris présentent 23 scènes de la vie de Saint Etienne, saint patron de la cathédrale d’Auxerre. La cinquième tenture montre le corps du Saint exposé aux bêtes, dont une licorne.

Collégiale Notre-Dame-des-Anges de L’Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse
Une longue série de personnages féminins, assis ou allongés dans les écoinçons des arcades des chapelles latérales représentent des allégories des Vertus de la Vierge, identifiables par les objets ou instruments qui les accompagnent. Cette mode venue de Rome contribue puissamment à l’aspect italien de l’édifice. Ici, ce décor dû au ciseau du sculpteur avignonnais Jean Péru a été mis en place à partir de 1688. Ces allégories avaient été codifiées par Cesare Ripa dans un célèbre traité d’iconologie, traduit en français par Jean Baudouin dès le début du XVIIe siècle.

Aujourd’hui, on trouve des licornes un peu partout (et nulle part) : elles restent un symbole omniprésent qui imprègne la culture populaire, des films pour enfants au jargon de la Silicon Valley pour décrire des start-ups d’une valeur de plus d’un milliard de dollars. Bien que nous ne croyions plus en l’existence des licornes, le mythe de la licorne, quant à lui, se porte très bien.
Et vous, aimez-vous les licornes ?

Pour plus d’informations sur les licornes et leur Histoire :
Licorne — Wikipédia (wikipedia.org)
Signification Spirituelle des Licornes | Licorne Fantasy
Les licornes / Unicorns (faidutti.com)
https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/la-dame-a-la-licorne.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Notre-Dame-des-Anges_de_L%27Isle-sur-la-Sorgue