MIREPOIX et BENOIT XII

C’est en menant mes recherches sur le pape BENOÎT XII, l’un des personnages principaux de mon roman « L’Héritage », que j’ai découvert MIREPOIX, charmante commune de l’Ariège, en région Occitanie, à 20km de Pamiers.


Pierre Poisson était originaire comme lui de l’Ariège ; ils s’étaient rencontrés alors que Jacques Fournier était évêque de Mirepoix. En cet homme, laïque pourtant, le pape Benoît XII plaçait toute sa confiance.

Dominique BARTE – L’Héritage

MIREPOIX, son histoire

Les premières traces de présence humaine dans ce secteur sont datées des époques les plus reculées de la Préhistoire.

Par la suite, les premiers habitants auraient laissé des expressions pour trouver cette ville fondée sur la rive droite de l’Hers. Ainsi, l’étymologie de « MIREPOIX » pourrait trouver son origine dans « Mirum Podium » signifiant « qui regarde la montagne » en bas latin. En occitan, le nom serait devenu « Miro Pech » puis « Miro Peix » c’est-à-dire « qui regarde les poissons ».  Cela dit, les érudits ne sont pas vraiment d’accord sur ces origines !

A un premier village détruit par les Goths vers l’an 1000, succèdera la petite ville de Mirepoix, bâtie au pied d’un château-fort dominant la vallée de l’Hers. Elle dut alors sa renommée à l’implantation de plusieurs monastères puissants.

Pourtant, au XIIe siècle, MIREPOIX va connaître le destin des bastions cathares du Languedoc. La ville fut en effet acquise au catharisme et fut prise par Simon de Montfort, représentant de l’Eglise en 1209. Il en fit don à l’un de ses fidèles : Guy de Lévis, qui fondera la puissante famille de Lévis-Mirepoix.

En 1289, le barrage du lac de Puivert fut rompu par une crue violente de l’Hers et l’inondation détruisit la cité. Une nouvelle ville fut immédiatement reconstruite sur la rive gauche opposée, appuyée sur une terrasse naturellement surélevée. De plan géométrique, cette ville s’inspire de l’architecture des bastides, mais n’en est pas véritablement une.

Au XIVe siècle, la ville progressa autour de la cathédrale Saint-Maurice, siège d’un évêché indépendant (1317). La cité était en plein essor quand éclata la Guerre de Cent ans. Durant cette période troublée, des remparts bordés de fossés ouverts furent érigés, fermés par quatre portes fortifiées, dont la porte d’Avail qui existe encore aujourd’hui.

MIREPOIX se redressa à nouveau et connut son apogée au XVIe siècle grâce à la production de textile et aux foires commerciales. Hélas, un incendie détruisit une partie de la ville dans la nuit du 4 au 5 juillet 1664. Miracle ! Une prière s’élèva qui éteignit miraculeusement le feu et une procession commémorative a lieu tous les ans depuis cette date.



Et Jacques Fournier devint BENOÎT XII

BENOÎT XII, de son vrai nom Jacques Fournier, est né à Canté juste à côté de Saverdun dans le Comté de Foix-Béarn vers 1 280. Il est issu d’une famille modeste, son nom laisse entendre que son père aurait été boulanger ou meunier.

C’est son oncle maternel Arnaud Novel, moine cistercien, abbé de Fontfroide (Aude) qui prit en charge son éducation. Il l’envoya au collège Saint-Bernard à Paris, puis à l’université où il devint docteur en théologie.

Après un cursus brillant, le jeune Jacques Fournier succèda à son oncle comme abbé de Fontfroide.

Dès 1317, il devint évêque de Pamiers où il se fit connaître en tant qu’inquisiteur. En cela, il profita d’une décision du Concile de Vienne (1312) qui permettait aux évêques cisterciens de diriger le tribunal d’inquisition. Il sera très vite réputé pour son zèle à poursuivre les hérétiques albigeois. Il se distingua par sa faculté, sa rigueur et sa ténacité alors qu’il dirigea près de 600 interrogatoires pour une centaine de dossiers, consignés dans des registres dont il ne reste qu’un seul exemplaire, de 325 pages, déposé à la bibliothèque vaticane.

Le 3 mars 1326, il fut nommé évêque de MIREPOIX, devenu le siège d’un nouveau diocèse indépendant créé par Jean XXII le 26 septembre 1317.

En décembre 1327, connaissant son dévouement, le Pape Jean XXII le nomma Cardinal de Saint-Prisque.

Après Jean XXII, devait venir le règne de « Frigidus Abbas ». Voyez comme la devise correspond parfaitement à Benoît !
— Oh mon Dieu ! « Frigidus Abbas » ! Benoît XII, Jacques Fournier, dit aussi le « Cardinal Blanc »

Dominique BARTE – L’Héritage

Le 20 décembre 1334, Jacques Fournier sera élu pape à l’unanimité des votes quelques jours seulement après la mort de son prédécesseur Jean XXII. Dès lors, en l’honneur du patron de l’ordre des Cisterciens, il choisit comme nom BENOÎT XII. Il fut le 3ème Pape à résider en Avignon, Altera Roma.

Sa personnalité était imprégnée des valeurs de l’ordre monastique. Gardant son habit blanc, on le surnomma le Cardinal Blanc. Humilité et rigueur caractérisèrent son pontificat ; il continua sa lutte contre les hérésies et reprit avec vigueur les ordres mendiants tentés par les déviances et le relâchement des mœurs. L’austérité des mesures qu’il prôna fut la principale raison de l’hostilité de la curie. Sans grandes réussites politiques, il tenta par deux fois de ramener la papauté à Rome, sans succès non plus. Rarement un pape fut aussi impopulaire parmi la cour pontificale.

En revanche, il ne cèdera pas au népotisme pratiqué par ses prédécesseurs.

Il avait même admis Pierre Poisson dans sa « familia » et l’avait distingué du titre d’écuyer. Cela faisait partie des convictions de Benoît, qui préférait récompenser le mérite et le talent, plutôt que favoriser les membres de sa vraie famille qui n’auraient pas de dons. Il leur refusait absolument tout privilège, contrairement à ses prédécesseurs, qui avaient dû essuyer toutes sortes de critiques à ce sujet.

Dominique BARTE – L’Héritage

PIERRE POISSON et la CATHEDRALE SAINT-MAURICE de MIREPOIX

Le riche patrimoine médiéval (XIVe et XVe siècles) de MIREPOIX débute par la découverte de la Cathédrale Saint-Maurice.

Sa construction débuta en 1297 grâce aux soins du seigneur Jean de Lévis et de sa femme, Constance de Foi. Le chœur fut inauguré le 6 mai 1298.

Le 26 septembre 1317, le pape Jean XXII créa le nouveau diocèse de MIREPOIX et l’église prit le rang de cathédrale, d’où la nécessité de disposer d’un plus grand sanctuaire pour les chanoines. En 1326, l’évêque JACQUES FOURNIER devint l’inspirateur du plan de rénovation de la cathédrale. Il fit alors appel à Pierre Peysson ou PIERRE POISSON, natif de la ville.

Philippe de Lévis, nommé évêque en 1497, fit démolir les habitations accolées à l’édifice et décida de relever les ruines de la cathédrale (Guerre de Cent Ans, Incendies, Routiers…). Il en fit l’église actuelle. Le clocher de la cathédrale apparaît comme l’un des plus beaux de l’architecture méridionale : sur une base carrée à deux étages dont l’un des contreforts est constitué par la tourelle de l’escalier s’élèvent deux étages octogonaux éclairés par des fenêtres à meneaux. Au-dessus se dresse une élégante flèche à huit pans mesurant 65 mètres de hauteur. Le porche d’entrée et la porte Renaissance sont de cette période. La cathédrale fut consacrée le 11 octobre 1506.

Hélas, la cathédrale souffrit de l’abandon des évêques et de la Révolution et perdit son rang de cathédrale en 1802. Une importante campagne de restauration fut entreprise par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle. L’ensemble relève du style gothique méridional avec quelques « audaces » chères à l’architecte. Elle possède dit-on, la plus large nef d’Europe : 48 mètres de long et de 21,40 mètres de large. L’édifice est classé en 1907, les autels furent remplacés par des imitations gothiques en marbre blanc et au milieu du XXe siècle, les couvertures du chevet et des terrasses ont été restaurées.

Pierre Poisson était un maître d’œuvre très autonome. Il assurait la direction de la construction et supervisait tous les corps de métier et le bon déroulement des travaux. Il gérait sa comptabilité qu’il présentait chaque semaine au trésorier et il s’était vu octroyer un salaire fort honorable, ce qui ne manquait pas de susciter la controverse.

Dominique BARTE – L’Héritage

PIERRE POISSON et le PALAIS D’AVIGNON

Le pape BENOÎT XII entreprit la construction du Palais des papes, quelques semaines seulement après son élection. Il confia à nouveau son grand projet à PIERRE POISSON.

Le pape voulait une forteresse sobre et austère, aux murs épais, et dont les tours immenses imposeraient le respect, à l’image de sa personnalité pour marquer l’enracinement de la cour pontificale en Avignon, décevant les partisans d’un retour à Rome remis aux calendes grecques. Dressé au-dessus de la ville, il marquait la volonté d’indépendance de la Papauté face au roi de France.



AUTRES LIEUX A NE PAS MANQUER A MIREPOIX

L’architecture de la bastide remarquablement conservée en fait sa renommée et l’un de ses principaux attraits. L’ambiance de la ville comptant 3300 habitants et appréciée des touristes se vit sur la Place des couverts, qui a su conserver son aspect médiéval, ses ruelles étroites, ses maisons colorées, et son petit canal.

La Maison des Consuls, datée des XVIe et XVIIe siècles, est une superbe maison à colombages ornée de 104 pièces de bois sculptées d’étranges têtes humaines et de monstres grimaçants sur une poutre en chêne d’un seul tenant de près de 12 m. Elle servit d’hôtel de ville, de tribunal et même de prison sous l’Ancien régime.

Le palais épiscopal (XVIe), adossé au flanc ouest de l’ancienne cathédrale. Comportant deux étages, bâti en pierre de taille, possédant un accès direct à l’oratoire logé au-dessus du portail de la cathédrale, il comporte sa propre chapelle.

La porte d’Avail (XIVe) et la tour de guet à proximité sont également à voir, avant de profiter ensuite du « spectacle » que constituent, sur la place principale et les rues adjacentes, les couverts (galeries) et les magnifiques maisons à colombages. Côté est, sur un plafond du couvert, une carte du département a été peinte et à l’ouest, un écusson est daté de 1573.

Les heurtoirs des portes des maisons. J’ai adoré !


LE BLASON DE MIREPOIX

« MIRO PEIX »  = « QUI REGARDE LES POISSONS »

Un poisson sur le blason de la ville ! « D’azur, à un poisson d’argent, posé en fasce et un chef cousu de gueules, chargé de trois étoiles d’or » datant du début du XIXe siècle….. Alors, le dilemme concernant l’étymologie est-il tranché ????

Pour lire correctement un blason, n’hésitez pas à consulter ICI mon article sur l’héraldique


COMMENT APPELLE-T-ON LES HABITANTS DE MIREPOIX ?

Des Mirapiciens et Mirapiciennes !



Pour en savoir un peu plus sur la région : Vidéo YouTube : Mirepoix et l’Ariège

Pour plus d’informations ou suivre une visite guidée de MIREPOIX, n’hésitez pas à vous rendre à l’Office de Tourisme ou ICI

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